Dans la nuit du 14 au 15 février 2018, la capitale a organisé la Première nuit de la solidarité, inspirée d’initiatives conduites dans d’autres capitales (New-York, Bruxelles ou bien encore Athènes). Environ 2000 parisiens répartis dans 350 secteurs géographiques ont arpenté la ville entre 22 heures et 1 heure du matin pour se livrer au recensement le plus exhaustif possible du nombre de sans-abri présents dans la capitale et tenter d’engager le dialogue afin de mieux comprendre leurs besoins en vue d’adapter la réponse des services sociaux. A ces citoyens il faut ajouter la contribution de partenaires institutionnels qui se sont livrés à la même démarche sur leurs emprises, qu’il s’agisse des 246 stations de métro et gares parisiennes RATP et SNCF), des salles d’attente des urgences dans 13 hôpitaux (APHP) ou encore de 27 parkings souterrains (Indigo).

Le bilan communiqué par la mairie quelques jours plus tard a révélé que 2952 personnes sans-abri avaient été décomptées.

Localisation Nombre de personnes sans-abri
 

Rue

 

 

2025

Stations de métro

 

377
Bois (Vincennes et Boulogne)

 

189
Gares

 

200
Parkings souterrains

 

112
Hôpitaux (urgences)

 

49

Ce chiffre doit être lu à la lumière d’autres données concernant un dispositif d’hébergement d’urgence parisien saturé. En effet, selon la maire de Paris, depuis la mi-novembre, 1600 places d’hébergement d’urgence ont été ouvertes à Paris (et même 2000 places lors des pics de grand froid) dans le cadre du dispositif hivernal, en complément des 16 000 places d’hébergement d’urgence et d’insertion dont 6000 places en hôtels sont accessibles via le 115 de façon permanente tout au long de l’année.

Par ailleurs le bilan ne fait pas état du nombre d’enfants sans abri observés dans la capitale. Le Samu social avance le chiffre de 500 mineurs qui dorment à la rue avec leurs parents. En novembre, à la veille des premières vagues de froid, le centre 115 du Samu Social-Paris n’avait pas pu trouver de solution d’hébergement pour l’ensemble des appelants. 180 sans-abri « isolés » (dont 80 femmes) et plus de 600 personnes en famille (essentiellement des femmes seules avec enfant) avaient dû être renvoyés à la rue pour la nuit.

« La situation n’a jamais été aussi tendue pour cette catégorie de sans-abri », expliquait alors Eric Pliez, président du Samu Social de Paris. « Il y a encore 2 ans, les opérateurs du 115 parvenaient à trouver des solutions d’hébergement à 8 familles sur 10. Aujourd’hui, c’est moins d’un appelant sur cinq qui obtient une réponse positive », rappelle-t-il. Si dans les semaines qui ont suivi l’ouverture de places supplémentaires pour loger les familles a pu faire remonter un peu le taux de réponses positives le compte n’y est pas selon le responsable du Samu social. Les hôtels dits « sociaux » (en fait des hôtels privés à bas coût) vers lesquels les familles à la rue sont orientées, faute de places adaptées dans les centres d’hébergement plus classiques, sont saturés.

Mais ces lieux d’hébergement d’urgence de substitution ne se libèrent pas assez rapidement pour faire face au flux des entrants. Un chiffre suffit à illustrer l’embolie du dispositif : celui de la durée moyenne de séjour des familles en hébergement hôtelier. Selon le Samu social, elle dépasserait désormais… 2 ans et demi.

La mairie de Paris s’est engagée à chercher des solutions d’hébergement dans le patrimoine municipal mais aussi à « mettre en œuvre le projet Des abris pour les sans-abri conçu et voté par les Parisiens dans le cadre du budget participatif, qui permettra de créer des petits abris dans les lieux de vie de ces personnes, qui seront accompagnées par des professionnels du social et des bénévoles ». Enfin la municipalité poursuivra le développement d’accueils de jour permettant d’accéder à une bagagerie, un bain-douche, voire à un restaurant solidaire.