C’est le coup de coeur du mois de notre rédaction, et pas seulement, à en croire l’accueil qui lui a été réservé en ouverture du Festival de Cannes.

Jolie prouesse d’ailleurs d’avoir réussi à enthousiasmer un public très large, bien au-delà des spécialistes de la protection de l’enfance. Car c’est bien un film sur la protection de l’enfance, à travers le parcours éducatif de Malony qui, dès l’âge de six ans, découvre le bureau du juge des enfants. Le film zoome sur le temps de la dernière chance entre les seize ans et la majorité de Malony avec les espoirs et les rechutes, les coup de blues de ceux qui l’accompagnent et refusent malgré tout de baisser les bras. Emmanuelle Bercot nous propose un road trip au pays de la protection de l’enfance précis et consciencieux, jusqu’à ne pas épargner au spectateur le jargon de ce milieu. Pourtant, le film ne sombre pas dans le documentaire, car il délivre l’émotion qu’il faut sans jamais tomber dans le pathos, et les acteurs, tous exceptionnels (Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier), nous embarquent avec eux jusqu’à la fin. Surtout, il fait oeuvre utile en montrant avec subtilité la complexité des situations que les professionnels rencontrent (la violence et les errements de Malony, l’ambivalence d’une mère tout à la fois aimante et maltraitante…).
Enfin, il est simplement rafraîchissant en montrant l’espoir qui peut naître du travail des professionnels, dès lors que le désir de s’impliquer est là. Courez le voir si ce n’est déjà fait.