D’ après une étude récente de l’Institut de veille sanitaire (InVS), la France compte actuellement quelque 31 000 mineurs sans domicile fixe, soit près d’un quart de la population sans logement. Un chiffre exorbitant qui a plus que doublé en l’espace de dix ans. Ceux sont des gamins ballottés d’hôtels sociaux en hôtels sociaux, quand ils ne sont pas condamnés à la rue ou, pour près de 9 000 d’entre eux, à la vie dans un bidonville.

Les effets de la crise économique, conjugués aux politiques d’austérité, à la crise du logement et à la crise migratoire, sont évidemment passés par là. Le nombre de familles, notamment monoparentales, nécessitant une prise en charge en hébergement d’urgence a explosé depuis une dizaine d’années. Beaucoup d’enfants arrivent ainsi dans les bras de leurs parents qui viennent d’être expulsés de leur appartement ou dans ceux de leur mère qui a décidé de fuir la violence conjugale.

Cette précarité extrême laisse des traces profondes chez les enfants avec de lourdes conséquences sociales et psychologiques.

L’enquête menée en 2013 par l’Observatoire du Samu social de Paris rapportait des états de santé très préoccupants : 20 % des mineurs présentaient des troubles de santé mentale et plus de 80 % avaient un retard du développement. La majorité des familles souffrait de malnutrition, avec, chez les enfants, de nombreux cas d’anémie (38 %), de surpoids (22 %), voire d’obésité (4 %).

L’un des derniers points 
de repère pour ces enfants reste la scolarisation. Mais difficile, pour eux, d’assumer face aux autres élèves qu’ils vivent à la rue. Une vraie discrimination qui vient donc s’ajouter à la souffrance du quotidien.