Le nouveau secrétaire d’Etat en charge de la protection de l’enfance semble avoir pris à bras-le-corps ses nouvelles responsabilités, lançant sans attendre une démarche ambitieuse de construction d’un pacte national pour l’enfance, et encourageant diverses missions parlementaires et autres démarches de consensus sur la protection de l’enfance. Les premières conclusions de ces chantiers seront connues en été. En attendant, Adrien Taquet nous explique dans cet entretien exclusif son état d’esprit, son ambition et ses premières orientations.

Le BPE : Avant votre nomination au poste de secrétaire d’état en charge de la protection de l’enfance, vous étiez député, et avant vous avez été en charge de diverses responsabilités dans le secteur de la communication. Qu’est-ce qui dans votre parcours professionnel et/ou dans votre histoire personnelle vous a conduit à vous lancer dans cette nouvelle responsabilité autour de la protection de l’enfance ?

Adrien Taquet : “On me pose souvent la question de mon rapport personnel à la protection de l’enfance, comme on le faisait auparavant avec le handicap. Il n’y en a aucun : mon engagement sur ces sujets est purement politique, il s’appuie sur un ensemble de valeurs qui m’animent et qui repose grandement sur l’éducation que m’ont léguée mes parents. Ils n’ont eu de cesse, par l’exemple, de me rappeler que nous n’avions pas tous la même enfance, et que la mienne était privilégiée : l’idée d’Egalité a donc été au cœur de ma vie, elle est au cœur de notre devise républicaine, c’est elle qui fait le lien entre la Liberté et la Fraternité. Or il y a encore parmi nous ce que j’ai pour habitude d’appeler les « oubliés de la République », ceux pour qui nous avons plus de mal à tenir la promesse républicaine. Les personnes en situation de handicap en font partie, tout comme les détenus par exemple. Mais aussi, encore, trop d’enfants protégés.

J’ai également une seconde conviction profonde : on ne peut pas tendre vers cette égalité uniquement par le biais de la redistribution ou de la compensation. Il faut s’attaquer aux inégalités dès leur formation, essayer d’éviter qu’elles ne se forment. C’est ce que j’appelle lutter contre les inégalités de destin, et c’est à l’enfance que tout se joue”.

Le BPE : Votre mission est noble et passionnante car elle touche à l’essentiel, nos enfants, les adultes de demain, mais elle est difficile car les défis sont multiples et les attentes très fortes. Dans quel état d’esprit et avec quelle ambition abordez-vous la tâche qui vous a été confiée ?

Adrien Taquet : “L’état d’esprit : le combat, rendu d’autant plus nécessaire par l’urgence du sujet. L’ambition : à la hauteur de l’enjeu, tel que vous l’exposez vous-même – l’avenir de nos enfants. Mais cette ambition me précédait, au travers de la politique menée par Agnès Buzyn et Christelle Dubos. Avant de parler du fond, je vois ma mission conditionnée par un double enjeu. D’une part, faire de la question de l’enfance un sujet de société. Quand on connaît les chiffres sur les violences faites aux enfants, il est impensable que ce thème-là ne soit pas un sujet médiatique et politique chaque jour qui passe. C’est donc le premier défi, dont le premier acte aura été ma nomination : faire de l’enfance un sujet politique. Le second défi concerne le jour où l’on mettra un terme à mes fonctions : comment faire en sorte qu’une politique de l’enfance, volontariste et puissante, nous survive. Je ne sais pas s’il y aura encore un Ministre de l’enfance à l’avenir, il faut par conséquent que nous inventions les outils qui permettront de mener cette politique au-delà de ce que nous sommes en train de faire”.

Le BPE : Sans livrer ici les détails de la stratégie de protection de l’enfance que vous portez et qui va être mise en œuvre, quels sont pour vous les grands chantiers prioritaires dans le secteur de la protection de l’enfance ?

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