La Défenseure des droits, Claire Hédon, et son adjoint, Éric Delemar, Défenseur des enfants, ont publié le 17 novembre dernier, leur rapport annuel consacré aux droits de l’enfant portant sur “Santé mentale des enfants : leur droit au bien-être”.
L’acuité des enjeux autour de la santé mentale des enfants n’est pas nouvelle, mais avec la crise sanitaire la situation semble s’être sensiblement détériorée. Et c’est bien un état des lieux peu optimiste qui est fait dans ce rapport.
Dans un premier temps le rapport relate, certes, les quelques effets bénéfiques qui ont été observés à la suite des confinements, et présentés dans diverses études ou retours d’expérience (voir aussi le Dossier dans ce numéro pages 14 et suivantes). Notamment, ces situations d’enfants placés moins anxieux, en raison, suivant les cas, d’un rapprochement du noyau familial, ou à l’inverse grâce à davantage de proximité avec leurs éducateurs.
Mais globalement ce sont surtout des constats inquiétants qui sont livrés par la Défenseure des droits.
Le rapport évoque en particulier les troubles du sommeil et phénomènes d’addictions qui sont nés de la surexposition aux écrans des enfants de tous âges durant les périodes de confinement, avec le cumul des cours à distance, des temps de communication avec l’extérieur et des usages ludiques en remplacement des autres activités ou dans les périodes de télétravail des parents.
Il s’arrête aussi sur l’augmentation sensible du stress, des crises d’angoisse, des troubles alimentaires observée depuis quelques mois par tous les spécialistes chez les enfants et les adolescents. Il s’agirait des conséquences traumatiques de la fermeture des écoles, des lieux culturels et sportifs, ou encore du port du masque obligatoire, de la permanence de l’incertitude… Mais le rapport pointe aussi que la désignation des enfants comme étant des vecteurs de contamination (dans les médias comme au sein des familles) semble avoir été un facteur important d’anxiété chez les jeunes. Ce poids mis sur les épaules des enfants a généré chez eux une grande culpabilité, et une peur de contaminer leurs proches plus âgés dont on commence à mesurer l’impact sur leur psychisme. Enfin, le rapport souligne que l’augmentation de la pauvreté et de la précarité, née de cette crise, a conduit à une aggravation des troubles dépressifs chez les jeunes, ayant même doublé pour les jeunes de 15 à 24 ans. Ces troubles se manifestent en partie par une perte de confiance en l’adulte, mais aussi par des phobies scolaires.
Concernant les réponses professionnelles et institutionnelles à ces enjeux, le rapport souligne combien la crise a mis en lumière les vulnérabilités du secteur de la protection de l’enfance, en termes de personnel, mais également en termes de difficultés de repérages et de signalements des situations de vulnérabilité.
Il alerte aussi fortement sur la situation critique des services pédopsychiatriques. Avec, en substance, des conditions qui ne sont pas réunies dans ces services pour répondre aux besoins de l’enfant. “Le droit à la santé mentale est indissociable des autres droits” martèle le rapport, pour inviter l’ensemble des acteurs concernés à tout mettre en œuvre pour respecter le droit des enfants à bénéficier d’un équilibre émotionnel.