Chaque année, les Assises Nationales de la Protection de l’Enfance sont attendues par leur public comme un temps de partage et de respiration important, mais sans doute était-ce plus vrai que jamais en 2021. En effet, la crise sanitaire ayant eu raison de l’édition prévue en 2020, les 28 et 29 juin dernier les professionnels présents à Nantes semblaient particulièrement heureux de se retrouver pour la 14e édition. Retour sur cet événement organisé entre deux vagues de Covid, et axé sur le méta besoin de sécurité.

Voici un extrait du dossier spécial:

Il faut aussi comprendre les mécanismes que nous activons face à cette insécurité. Restant sur l’expérience du confinement et le besoin de sécurité universellement ressenti, Anne Raynaud a expliquée “qu’on a tous, à ce moment-là, activé notre système d’attachement (…).

Ce système théorisé par John Bowlby est comme un système d’alerte avec lequel on naît tous, qui vient s’activer quand on se sent menacé, pour que l’on puisse trouver les solutions pour y faire face. Est-ce que je me fige ? Est-ce que j’attaque ? Est-ce que je me retire ? Est-ce que je peux ou pas compter sur les autres ? Est-ce que je peux ou pas m’appuyer sur leur présence pour retrouver ce sentiment de sécurité qui est vital ? Le système d’attachement est un système motivationnel pour trouver l’équilibre qui va nous permettre de survivre, de nous réorganiser, de réguler la peur, et c’est aussi ce système qui dans la période sensible des 1000 premiers jours de l’enfant va lui permettre de construire une grille de lecture relationnelle, des modèles relationnels, une manière de rentrer en relation avec les autres, une manière de trouver son propre équilibre (…)”.

Autrement dit, selon la spécialiste de ce sujet, tout individu du berceau à la tombe, lorsqu’il est face à la peur, en détresse, vulnérable, active son système d’attachement pour trouver du réconfort, une sécurité émotionnelle et va se tourner vers sa figure d’attachement pour y trouver un sentiment de sécurité, et soit la réponse de la figure d’attachement offre une réponse sécure et c’est un facteur de protection, soit elle offre une réponse insécure et c’est un facteur de vulnérabilité voire de risques si l’attachement est désorganisé.

En ce qui concerne les situations insécures, qui concernent souvent les enfants confiés en protection de l’enfance, elles produisent des conséquences et envoient des signaux différents selon les types d’attachement. 

Attachement insécure ou désorganisé : les signaux

Anne Raynaud, a ainsi expliqué que “Lorsque l’on est dans le cadre d’un attachement insécure évitant, avec une figure d’attachement dans le rejet ou l’indifférence, l’enfant pense qu’il ne peut compter que sur lui-même, il réprime son besoin de sécurité et ses sentiments, et le plus souvent n’exprimera pas ses demandes, évitera les conflits, se montrera anxieux, rigide avec peu d’estime de soi et des autres”. “Lorsque l’attachement est ambivalent résistant, avec une figure d’attachement imprévisible, tour à tour affectueuse ou indisponible, l’enfant ne sait jamais à quoi s’attendre et ne se sent pas digne d’être aimé. Le plus souvent il sera anxieux et dépendant, ne pouvant réguler ses émotions, exigeant sur le plan relationnel, avec peu d’estime de soi, et une exploration très fragmentée. Ce sont souvent ces enfants insécures ambivalents résistants qui vont mettre le bazar, qui vont sans arrêt provoquer”. “Enfin lorsque l’attachement est dit désorganisé, c’est-à-dire quand la figure d’attachement néglige ou agresse l’enfant, qu’elle est pour lui effrayante, c’est la peur sans solution. Ce sont là des enfants qui vont avoir de lourds facteurs de risque avec des conduites à risques, des conduites addictives, des troubles de l’humeur, des troubles externalisés (agressivité, opposition, transgression…), des attitudes punitives et contrôlantes, pas d’empathie, ni d’humour, des retards développementaux, … des troubles que l’on rencontre souvent chez les enfants qui nous sont confiés”.

“Ces comportements d’attachement sont essentiels à décoder car on ne se pose pas toujours les bonnes questions face aux difficultés de comportement. Quand Tom s’agite, met le bazar dans la classe, mord dans la cour de récréation, derrière cela c’est qu’il est en grande insécurité, qu’il a peur mais on ne va pas tout de suite lire ça”, a illustré la psychiatre.

Vous pouvez retrouver la suite du dossier, dans le numéro 124 du BPE en PDF ou papier, qui se trouve dans la boutique: https://lebpe.fr/lebpe/boutique/