Pour proposer un projet plus structurant pour l’enfant que ce provisoire qui dure, Philippe Fabry propose de commencer par réinterroger la notion de parent et son rôle vis-à-vis de l’enfant. Pour ce faire il ramène à deux grands axes les cinq rôles du parent identifiés par l’anthropologue Esther Goody. “Il y a l’axe de l’identité, a-t-il expliqué, qui inclut le rôle de concevoir et de mettre au monde l’enfant, lui donner une identité à la naissance. Et certains enfants sont en difficulté avant même d’être nés parce qu’il y a des problèmes dans la façon dont ils ont été conçus pour leur mère, leur père, leurs familles paternelle ou maternelle… et beaucoup d’enfants sont en souffrance parce qu’ils n’ont pas été reconnus par leurs géniteurs par exemple. On est là face à des questions identitaires qui se posent que l’enfant connaisse ou pas ses parents, qu’il vive ou pas avec eux”. “Ensuite, selon l’intervenant, il y a l’axe de l’éducation qui englobe les autres rôles du parent : nourrir l’enfant, l’éduquer, lui garantir l’accès à un statut d’adulte. C’est la parentalité au quotidien. Est-ce qu’on peut éduquer un enfant à distance, sans jamais vivre avec ?, interroge-t-il. C’est une vraie question. En outre, il y a un réel problème en France lié au fait que le placement provisoire éternel masque massivement le délaissement. Et quand l’ASE « remplace » les parents absents, que peut-on dire de sa responsabilité de garantir l’accès à un statut d’adulte quand on lâche un enfant à 18 ans ? Ou dit autrement comment comprendre que la place des parents soit conçue comme centrale pendant le placement puis disparaisse des préoccupations quand les jeunes deviennent majeurs ?”. Pour le spécialiste, “si on accepte de ne pas tenir pour acquis l’engagement parental et qu’on veut l’évaluer” pour soit l’accompagner au bénéfice de vrais projets de retour soutenus, soit envisager, sans attendre qu’il soit trop tard, un évolution du statut de l’enfant, il faut se tourner vers les travaux Mary Dozier en Angleterre, repris par Karine Poitras et Georges Tarabulsy au Québec qui fixent cinq niveaux d’engagement parental : de faible à très fort. Si vous voulez lire la suite, abonnez-vous ou acheter le numéro 124-127 du BPE