« Construire une culture partagée : ni unifiée ni uniforme, mais commune ! »

Anne Raynaud, psychiatre spécialiste de la périnatalité, des liens parents-enfants, et fondatrice des Instituts de la parentalité nous présente le rapport « Développement d’une base d’habiletés des acteurs du soutien à la paren- talité » qu’elle a coécrit avec Charles Ingles, psychologue clinicien et responsable de la politique Parentalité à la CAF de Gironde. Le fruit d’une mis- sion qui leur a été confiée par la Direction générale de la cohésion sociale en avril 2022.

LE BPE : Pouvez-vous nous expliquer le contexte de cette demande, les finalités attendues et la manière dont vous avez travaillé pour rédiger ce rapport ?

Anne Raynaud : Le domaine du soutien à la parentalité est en profond questionnement actuellement et c’est dans ce contexte que cette mission s’inscrit. Les actions de soutien à la parentalité ont émergé depuis de nombreuses années et doivent s’ajuster à une société en mutation, qui met à mal la fonction parentale. Initialement inscrites dans une perspective sanitaire, dans « un modèle biomédical hygiéniste » ayant pour objectif de lutter contre la mortalité infantile, elles se développent ces dernières années sous l’impulsion des politiques publiques multiples. Mais leur multiplicité et hétérogénéité justifie l’encadrement de leurs mises en œuvre. En mai 2019, une ordonnance relative aux services aux familles, inscrit le soutien à la parentalité au Code de l’Action Sociale et des Familles. Elle est complétée par l’arrêté du 9 mars 2022 qui porte sur la création d’une charte nationale de soutien à la parentalité. Celle-ci reconnaît comme participant de la politique publique de soutien à la parentalité toute action consistant à accompagner les parents dans leur rôle de premier éducateur de leur enfant, respectant les principes établis par la charte du soutien à la parentalité.

Le huitième point directeur de cette charte stipule la nécessité de « garantir aux personnes qui recourent à une action de soutien à la parentalité que les bénévoles ou professionnels qui interviennent dans ce cadre ont une compétence ou bénéficient d’une formation dans ce domaine ; et disposent de temps de partage d’expérience et d’analyse des pratiques ». C’est pour traiter de ce dernier point que nous a été confiée cette mission. Nous avons d’emblée estimé que nos préconisations ne pouvaient se réduire à une liste de diplômes ou qua- lifications et qu’un travail d’inventorisation des acteurs du soutien à la parentalité était incontournable. Celui- ci a permis la modélisation de l’écosystème des acteurs du soutien à la parentalité, auquel s’est associé un vaste processus consultatif qui s’est inscrit dans l’attention de soutenir une démarche de consensus. 750 questionnai- res renseignés et plus de 55 contributeurs appartenant à de nombreux domaines, des champs de travail social, mais également médico-social et sanitaire ont ainsi partagé leurs analyses et perspectives.

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