Nous nous appelons Rachel, Moussa, Stéphanie, André, Denise, Mohammed, Nathalie, Glenn, Laura… Nous avons tous en commun, à un moment ou un autre de notre enfance, d’avoir croisé la route d’éducateurs, d’assistants sociaux, de familles d’accueil, pour suppléer nos propres parents. Un chemin parfois semé d’embûches, de doutes, d’envie de renoncer mais aussi éclairé par les rencontres, les soutiens et l’aboutissement de nos envies, de nos projets. Repairs s’est associé au photographe Nicolas Friess pour faire connaître nos visages et faire entendre nos histoires au plus grand nombre, dans leur plus parfaite singularité.
Derrière chaque enfance placée : nos visages, nos histoires. Certains d’entre nous voient leur placement à l’Aide Sociale à l’Enfance toucher à sa fin, d’autres ont déjà parcouru un long chemin depuis, ont peut-être une vie familiale établie, et un peu de recul pour oser dire les galères, la honte, le sentiment d’imposture, les doutes, la violence… mais aussi pour dire les liens qui perdurent à travers le temps, la prise de confiance progressive en soi-même, et la réalisation de son potentiel. A travers notre lien avec l’association Repairs, nous avons voulu donner un visage aux enfances placées, au sens propre, avec le photographe Nicolas Friess, et mettre en commun nos histoires en prenant tous la plume, chacun libre de son style et de son propos.
Pour nous, le « parcours » ne s’arrête pas à une insertion professionnelle réussie, il se poursuit, parfois longtemps après la sortie de placement, avec la volonté de savoir sur qui compter et pour qui compter. Souvent il se prolonge aussi dans le souhait de transmettre ce que nous avons reçu, d’une manière ou d’une autre. Pour certains d’entre nous, cela passe par l’exercice d’un métier porté sur le lien, l’attention à l’autre : éducateur.trice, aide de vie, assistant.e social.e, soignant.e… Pour beaucoup, cela passe par l’engagement associatif, au sein de Repairs, ou ailleurs, avec l’envie de répondre à cette question : « Comment faire en sorte pour que les moments heureux et les rencontres déterminantes que mon placement m’ont permis ne soient pas un coup de chance réservés à quelques-uns mais deviennent une norme pour tous les enfants placés ».
Si chaque trajectoire est bel et bien singulière, la transversalité de certaines souffrances est plus que jamais un appel en direction des décideurs de notre pays à l’approche d’une élection présidentielle majeure : nous avons une responsabilité collective à permettre aux enfants placés d’aujourd’hui d’être les adultes épanouis et émancipés de demain. Chaque visage, chaque histoire, dressent ainsi en creux le chemin vers une politique de protection de l’enfance réellement inclusive, authentiquement à hauteur d’enfant, et résolument émancipatrice.
Il aura fallu deux ans de travail pour constituer cette collection de portraits, ils ont maintenant vocation d’être partagés largement partout en France. Et apporter une contribution, essentielle, au débat public sur la place de l’enfance et de la jeunesse dans notre société.
Vous souhaiteriez accueillir l’exposition itinérante Enfance(s) placée(s) au sein de votre structure ?